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dimanche 3 juin 2007

2eme guerre mondiale



Une guerre totale


Le 2ème guerre mondiale est une guerre mondiale et totale qui dépasse en horreur la guerre de 14-18 et qui revêt un certain nombre de caractéristiques nouvelles par rapport au 1er conflit mondial.

. Un conflit de type nouveau

1. Une guerre idéologique


C'est une guerre qui oppose 2 camps antagonistes :
d'un côté les puissances de l'Axe, dictatures fascistes qui exaltent le chef, l'Etat tout puissant, la discrimination raciale, la force, le droit de conquérir le monde, et qui prétendent instaurer partout de gré ou de force un « ordre nouveau » ;
et de l'autre les Etats de la Grande Alliance et les mouvements de résistance qui déclarent défendre les valeurs de liberté, de démocratie et les droits de l'homme.


2. Une guerre de mouvement


C'est une guerre qui s'appuie sur des stratégies résolument offensives : « guerre éclair » ; batailles de chars ( Koursk ) et batailles aéronavales ( Pearl Harbor, Midway ) de grande ampleur ; débarquements massifs ( opérations Torch et Overlord )

3. Une guerre technique


Une guerre motorisée qui met massivement en œuvre des moyens de destructions de plus en plus puissants ( chars, bombardiers, porte-avions ). Une guerre qui accélère les innovations technologiques : électronique-informatique ( radar, équipement radio, ordinateur ) ; nylon ( parachute ) ; moteur à réaction ; fusée ; DDT et antibiotiques. Une guerre qui s'appuie sur la production de masse et standardisée d'armes de plus en plus destructrices et de moyens de transports dont la vitesse, le rayon d'action et la capacité ne cessent de croître : V1 et V2 allemands ; B 29 américains ; bateaux de transport Liberty ship. Une guerre qui mobilise toutes les ressources : - ressources économiques : matières premières, sources d'énergie, carburants ou produits de remplacement ( ersatz ) ; - ressources humaines ( soldats, ingénieurs, travailleurs, hommes et femmes, indigènes des colonies, travail forcé ). Pour gagner la guerre, il faut avoir la capacité de construire plus d'avions, de navires, de chars, de canons que l'adversaire ne peut en détruire. Grâce à la puissance de l'économie des Etats-Unis dont le président Roosevelt avait décidé de faire « l'arsenal des démocraties » dans le cadre du « Victory Program », les Alliés ont réussi à battre les puissances de l'Axe.


4. Une guerre d'anéantissement


C'est une guerre qui frappe autant ou plus les civils que les militaires : mitraillage des routes de l'exode ; bombardements massifs des villes ( Londres, Dresde ) ; représailles et massacres d'otages ( Oradour-sur-Glane ) ; extermination des juifs, des slaves, des tziganes dans les ghettos et les camps ; bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki. C'est une guerre sans merci qui ne peut s'achever que par la défaite totale de l'un des deux camps.
II. L'expansionnisme des puissances de l'Axe


1. L'« Europe nouvelle » allemande

Elle comprend les territoires annexés au IIIème Reich depuis 1938 , les territoires occupés par la Wehrmacht, et les États satellites alliés de l'Allemagne. La domination allemande s'étend à la plus grande partie de l'Europe, de la Norvège à la Méditerranée, et de l'Atlantique à la Volga.


2. L'éphémère Empire italien au-delà de la Méditerranée( « Mare nostrum »)


Compte tenu des échecs essuyés par l'armée italienne en France, puis en Grèce et en Libyeoù la Wehrmacht a été obligée d'intervenir, l'Italie doit se contenter des maigres acquisitionsque lui concède Hitler en Europe centrale et en France ( occupation du sud-est à partir de novembre 1942 ). Dès 1941, les Italiens sont vaincus en Libye et chassés d'Afrique orientale ( Ethiopie, Erythrée ). En 1943, il ne reste rien de l'Empire italien.
3. La Grande Asie japonaise ou « Sphère de coprospérité »

III. L'« ordre nouveau » en Europe

1. La mise sous tutelle administrative


Les territoires annexés au « Grand Reich » sont soumis à une germanisation et une nazification systématiques : imposition de la juridiction et des lois allemandes ( mise en place de gauleiters ) ; conscription au sein de la Wehrmacht et des Waffen SS ( Malgré nous », dans les trois départements annexés d'Alsace-Moselle ) Dans les territoires occupés, la tutelle allemande revêt des formes variées mais toujours efficaces et redoutables. HITLER refait à sa guise la carte de l'Europe, modifie les frontières, morcelle les États, manipule les nationalités et déplace les populations.

2. L'exploitation économique


Les nazis se comportent partout en propriétaires qui confisquent et prélèvent tout ce dont ils ont besoin, se livrant à un véritable pillage ( aryanisation des biens juifs ) et réquisitionnant la main-d'oeuvre dans le cadre du Service du Travail Obligatoire ( STO ) mis en place par Sauckel( plus de 7 millions de déportés du travail dans les usines allemandes à la fin de la guerre ). Les pays occupés sont relégués dans le rôle de fournisseurs de l'Allemagne en matières premières et en produits agricoles, tandis que leur population est soumise à un rationnement sévère aggravé par le « marché noir ».


3. La terreur nazie


Elle s'abat sur la Pologne dès 1939, puis s'organise après l'invasion de l'URSS, avec la promulgation en décembre 1941 du décret Nacht und Nebel ( « Nuit et Brouillard » ) qui ouvre la voie aux représailles aveugles, aux arrestations massives, aux exécutions d'otageset à la déportation. Elle est confiée aux SS d'Himmler et à la Gestapo. Elle frappe d'une part les « politiques » ( communistes et résistants de toutes obédiences ), et d'autre part les « raciaux » ( Juifs, Slaves, Tziganes ) qualifiés de « sous-hommes ». En janvier 1942, le génocide des Juifs est programmé et confié pour exécution à Eichmann dans le cadre de la « solution finale ». Le territoire du Reich se couvre de
camps de concentration et d'extermination
.
IV. Collaboration et résistance en Europe


1. L'adhésion à l'« ordre nouveau »


L'intégration des pays conquis à l'Europe allemande s'appuie sur des collaborateurs qui dénoncent en bloc « les communistes, l'Union Soviétique, les juifs, les francs-maçons, les démocraties libérales décadentes », et adhèrent au national-socialisme par conviction ou s'en accommodent par opportunisme. La collaboration revêt des formes variées correspondant à une gradation dans la collusion avec les nazis : collaboration économique, collaboration politique, collaboration policière et militaire.

2. Les résistances
L'Occupation suscite aussi un phénomène de rejet conduisant à une résistance clandestine, d'abord spontanée, puis organisée en réseaux et mouvements parfois unifiés au sein de résistances nationales. Résistance extérieure conduite depuis Londres ou Moscou, et résistance intérieure au cœur des pays occupés, sont le fait d'une minorité courageuse, issue de tous les horizons politiques et sociologiques. Malgré le risque permanent, l'isolement, le manque de moyens, les résistants ont bien contribué à la victoire sur les dictatures fascistes En Yougoslavie, les partisans communistes de Tito sont même parvenus à libérer eux-mêmes leur pays avant l'arrivée de l'Armée rouge.







L'Europe et le monde à la veille de 1914Les origines de la 1ère guerre mondiale


Au début du XXème siècle, l'Europe à son apogée domine encore le monde, mais elle est secouée de contradictions : - en raison des disparités de développement économique et social qui caractérisent les pays qui la composent ; - du fait aussi des rivalités et des tensions qui opposent les grandes puissances européennes et qui multiplient les risques de guerre.
I. En 1914, l'Europe domine encore le monde
La primauté européenne repose sur 3 facteurs :
1/ Le dynamisme démographique
L'Europe qui compte 450 millions d'habitants rassemble 1/4 de la population mondiale et la pression démographique pousse chaque année un peu plus d'un million d'émigrants à quitter le Vieux continent pour les colonies et le Nouveau monde où environ 40 millions d'Européens se sont installés.



2/ L'expansionnisme colonial
Les métropoles européennes possèdent des empires coloniaux qui couvrent environ la moitié de la surface du globe en particulier en Afrique et en Asie, et dont les habitants représentent 1/3 de la population mondiale.


3/ L'avance technologique et économique
Acquise à la faveur de la Révolution industrielle, cette avance a fait de l'Europe où ont surgi toutes les innovations technologiques sur lesquelles reposaient cette révolution, l'usine, le banquier du monde, et l'arbitre du commerce international. Elle lui a donné la capacité d'étendre sa zone d'influence économique à des pays comme la Russie, l'Empire ottoman ( Turquie ), la Perse ( Iran ) et la Chine, pays qui sont devenus des sortes de semi-colonies européennes .
II. Mais l'Europe est profondément divisée


1/ L'opposition entre Europe du Nord et Europe du Sud
L'Europe de 1914 ne forme pas un ensemble homogène. Elle est constituée d'États qui présentent des situations très diverses : - du point de vue de l'étendue ( vastes empires et petits pays ) ; - du point de vue de la population ( plus de 140 millions de Russes, 65 millions d'Allemands, 45 millions de Britanniques, à peine 40 millions de Français et seulement36 millions d'Italiens et 20 millions de Turcs ) ; - du point de vue du système politique ( républiques et monarchies ; régimes démocratiques parlementaires et autocraties ; unifications politiques anciennes ou au contraire tardives et récentes ; États plus ou moins centralisés ; États plus ou moins intégrés autour d'une nation et États multinationaux ) ; - du point de vue économique ( Europe industrielle du Nord-Ouest et Europe agrarienne du Sud et de l'Est ).


2/ Les rivalités entre puissances européennes
Elle s'exprime à trois niveaux. :
sur le plan des nationalités
- minorités séparatistes et indépendantistes de l'Empire austro-hongrois ;- peuples allogènes ( non russes ) de l'Empire russe ;- panslavisme de la Russie orthodoxe protectrice de la Serbie et qui cherche à prendre le contrôle des Détroits tenus par les Turcs musulmans ;- pangermanisme de l'Empire allemand qui aspire à achever la réunion des terres allemandes.
sur le plan colonial
- rivalité franco-anglaise au Soudan ( Fachoda, 1898 ) ;- rivalité anglo-allemande en Afrique australe et orientale ;- rivalité franco-allemande au Maroc ( crise de Tanger en 1905 et d'Agadir en 1911 ) ;- rivalité franco-italienne en Tunisie.
sur le plan géostratégique autour des zones d'influence
- rivalité anglo-allemande sur les mers ;- rivalité austro-russe dans les Balkans.


III. Les rivalités entre pays d'Europe et la montée des tensions
1/ La formation de deux systèmes d'alliance

La Triple Alliance ou Triplice
Oeuvre au départ du chancelier Bismarck, elle s'est ébauchée autour de l'Allemagne après sa victoire sur la France en 1870, avec l'objectif d'isoler la France et de lui ôter toute velléité de revanche et de reconquête de l'Alsace-Moselle. En 1914, elle unit les monarchies de l'Europe médiane : Empire allemand, Empire austro-hongrois et Royaume d'Italie. Elle s'est aussi élargie à l'Empire ottoman qui contrôle les Détroits, la Méditerranée orientale et tout le Proche-Orient où l'Allemagne cherche à prendre pied ( construction de la ligne de chemin de fer Bosphore-Ankara-Bagdad ou Bagdadbahn ). De son côté, l'Autriche-Hongrie y a rattaché la Roumanie et la Bulgarie, pays qui se sentent menacés par les visées expansionnistes russes en direction des Détroits.
La Triple Entente
Oeuvre de Delcassé qui a été ministre des Affaires étrangères de 1898 à 1905, elle a pour origine les efforts de la diplomatie française à la fin du XIXème et au début du XXème siècle pour sortir la France de l'isolement dans lequel la diplomatie allemande cherchait à l'enfermer. Elle est le résultat d'accords bilatéraux successifs négociés avec persévérance par la France. Pour sortir de son isolement et obliger l'Allemagne à combattre sur deux fronts dans l'hypothèse d'un nouveau conflit, la France a d'abord fait alliance avec la Russie tsariste à la fin du XIXème siècle. Au début du XXème siècle, en même temps qu'elle renforçait l'alliance franco-russe,la France s'est efforcée d'affaiblir la Triple Alliance en essayant d'en détacher l'Italie,et de se rapprocher du Royaume-Uni. C'est pour atteindre ces objectifs que la France joua avec ces deux pays la carte de l'apaisement et du compromis sur le terrain colonial, abandonnant à l'Italie la Tripolitaine et l'Afrique orientale au Royaume-Uni, tandis qu'elle leur demandait de lui laisser les mains libres au Maroc que convoitait l'Allemagne. En 1904, inquiet des progrès économiques et commerciaux de l'Empire allemand et de la puissance acquise sur mer par la flotte allemande, le Royaume-Uni accepte de sortir de son « splendide et impérial isolement » et adhère à l'Entente cordiale nouée avec la France, bientôt renforcée en 1907 par un accord anglo-russe. Le soutien que lui ont apporté ses alliés lors des deux crises marocaines de 1905-1906 et de 1911, ont permis à la France de s'imposer au Maroc face à l'Allemagne et d'y installer son protectorat. Ces deux crises ont montré que les rivalités coloniales entre les grandes puissances européennes pouvaient conduire à la guerre et que les systèmes d'alliances pouvaient transformer cette guerre en conflit généralisé. Dans l'immédiat, la logique des systèmes d'alliances accélère la course aux armements.
2/ La course aux armements


Sur le plan naval, l'Allemagne a commencé à se doter, sous l'impulsion de l'amiral Von Tirpitz, d'une puissante flotte de guerre, défi auquel les Britanniques ont répliqué en prenant l'engagement que pour un navire de guerre allemand construit, le Royaume-Uni riposterait en en construisant deux ( two power standard ). Dès la fin du XIXème siècle et le début du XXème siècle, l'Allemagne et la France ont mis au point et adopté les plans militaires qui ont été appliqués en 1914 - côté allemand, le plan Von Schlieffen, fondé sur la nécessité pour l'Allemagne de combattre sur deux fronts, fait le pari que la mobilisation russe sera longue et que l'armée allemande pourra exploiter ce délai et lancer à l'Ouest, en violant la neutralité belge, une attaque rapide d'encerclement et d'écrasement des armées françaises en 6 semaines ; - côté français, le plan XVII ne croit pas à une violation de la neutralité belge, compte que la Russie se lancera immédiatement dans la bataille sans attendre que sa mobilisation soit achevée, et prévoit de jeter l'essentiel des troupes françaises dans une offensive à l'Est destinée à reconquérir l'Alsace-Lorraine.
IV. La crise austro-serbe de l'été 1914 et la marche à la guerre
1/ La crise des Balkans


La guerre de 1914-1918 aurait pu éclater sur le terrain des rivalités coloniales, mais c'est finalement sur un autre terrain qu' elle a éclaté, celui des Balkans. Au Sud de l'Europe centrale, à la faveur du déclin de l'Empire ottoman depuis le XIXème siècle, - les guerres d'indépendance ( Serbie, Bulgarie, Grèce ), les affrontements entre minorités ethniques et les conflits régionaux se multipliaient ; - la petite Serbie, devenue indépendante, en se plaçant sous la protection de l'Empire russe, cherchait à réunir en un seul Etat tous les Slaves du Sud de l'Europe centrale, à commencer par ceux de Bosnie-Herzégovine, province annexée par l'Autriche-Hongrie en 1908 ; - les empires rivaux austro-hongrois et russe avaient des visées communes en direction des Détroits et de la Méditerranée orientale.
2/ L'été 1914 : la marche à la guerre
L'attentat de SarajevoL'archiduc héritier d'Autriche-Hongrie, François-Ferdinand, et son épouse sont assassinés par l'étudiant Prinzip, à Sarajevo, capitale de la Bosnie-Herzégovine, le 28 juin 1914.
La riposte autrichienne et l'engrenage des alliancesL'Autriche-Hongrie adresse un ultimatum à la Serbie.Le 28 juillet, l'Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Serbie.Le 30 juillet, la Russie mobilise.Le 1er août, l'Allemagne déclare la guerre à la Russie ; la France mobilise.Le 3 août, l'Allemagne déclare la guerre à la France.Le 4 août, l'Allemagne envahit le territoire de la Belgique neutre. Le Royaume-Uni déclare la guerre à l'Allemagne.

traite negriere en afrique

















































  1. L'histoire des Antilles et de l'Afrique

    Traites négrières, esclavage : les faits historiques

    C'est une histoire très ancienne, mais qui n'a jamais été si actuelle. Un phénomène né pendant l'Antiquité, et dont on ne prit réellement conscience qu'au XVIIIe siècle.
    "L'esclavage est l'établissement d'un droit fondé sur la force, lequel droit rend un homme tellement propre à un autre homme qu'il est le maître absolu de sa vie, de ses biens et de sa liberté", écrivait le chevalier de Jaucourt dans l'Encyclopédie, en 1755. Un état de mort sociale, de dépossession de soi que Victor Schoelcher, a
    rchitecte de l'abolition en France, qualifia de "crime de lèse-humanité".Mais c'est aussi un phénomène historique et culturel complexe, qui englobe des aires géographiques immenses et, pour les traites modernes, plus de mille ans d'histoire. Qui bouleversa plus particulièrement le continent africain et fit le lit du racisme, véhiculant l'image d'un Noir inférieur, proche de l'animalité et donc, à ce titre, susceptible d'être acheté, vendu, échangé. Une marchandise humaine.
    A l'heure où prospère la "concurrence des mémoires", et tandis que l'historien Olivier Pétré-Grenouilleau, auteur du remarquable Les Traites négrières, est assigné en justice, stigmatisé d'une infamante accusation de révisionnisme, le sujet est de plus en plus explosif : aussi apparaît-il essentiel de faire le point sur l'état des connaissances historiques.
    Traites africaines et traites orientales. L'Afrique a connu des trafics d'esclaves dès la plus haute Antiquité, mais c'est au VIIe siècle de notre ère, avec l'apparition d'un empire musulman et sa spectaculaire expansion, qu'est né le cadre du système économique qu'on appellera la traite. En terre d'islam, la loi interdisait de réduire en esclavage les hommes libres : en revanche, on pouvait se procurer des captifs en dehors de l'empire. Ainsi sont nées les premières routes d'un commerce à grande échelle d'êtres humains.
    Le monde musulman ne s'approvisionna pas uniquement en Afrique. Il y eut également des captifs venus du Caucase, d'Europe de l'Est ou d'Asie centrale. Mais les Africains furent de loin les plus nombreux, et cette tendance ne fit que s'accentuer au fil du temps. Avec la traite se mit en place une justification idéologique de l'esclavage des Noirs, fondée sur des stéréotypes racistes, et des justifications religieuses, comme celle de la malédiction de Cham. Les Noirs étaient censés descendre de ce fils de Noé maudit par son père : ils étaient donc condamnés à la servitude.
    Les routes empruntées par ce trafic sont assez bien connues. On sait également qu'il atteint son apogée au XIXe siècle. Pour ce qui est de son ampleur, les estimations chiffrées restent fragiles : l'historien américain Ralph Austen avance le chiffre de 17 millions de personnes, du VIIe au XIXe siècle. Mais il reconnaît que ce chiffre est relativement imprécis, estimant sa marge d'erreur à plus
    ou moins 25 %.
    Ces traites restent mal connues, tributaires de représentations parcellaires (on a longtemps minimisé le rôle économique des esclaves) et d'une sombre légende forgée au XIXe siècle par les Européens, dans le but de légitimer leur propre colonisation.Il en est de même pour ce qu'on appelle les "traites intérieures", sur lesquelles les informations sont très lacunaires. En la matière, les recherches sont peu nombreuses. Il est cependant établi qu'il y eut également un commerce à l'échelle de l'Afrique subsaharienne : l'historien Patrick Manning affirme que ces traites intérieures auraient fait 14 millions de victimes, capturées suite à des guerres entre Etats ou à des razzias.
    Ainsi, quand commencèrent les "traites atlantiques", un système était déjà en place. Comme le rappelait l'historien Fernand Braudel (1902-1985), "la traite négrière n'a pas été une invention diabolique de l'Europe".
    Les traites occidentales. La naissance de la traite atlantique a souvent été interprétée comme une profonde rupture en Occident, voyant renaître un esclavage qui avait disparu depuis la fin de l'Antiquité. En réalité, le phénomène avait constamment reculé durant le Moyen Age, mais il subsistait en Méditerranée un commerce dont les victimes les plus nombreuses étaient des juifs, des slaves et surtout, à partir du XVe siècle, des Africains. Le trafic changea d'échelle et de destination au XVIe siècle, avec la colonisation des Amériques. La violence des conquérants hispaniques et le choc microbien dépeuplèrent vite le continent, créant une pénurie de main-d'oeuvre. D'autant plus que les Européens entreprirent de lancer sur place des cultures de production, en particulier celle de la canne à sucre.
    Les Portugais, lancés dès le début du XVe siècle à la découverte des côtes africaines, en produisirent à Sao Tomé, au large de l'Afrique, avant de s'implanter au Brésil, inaugurant bientôt la première grande route de la traite.
    Les circuit de la déportation se mirent vite en place. Les esclaves étaient acheminés par des négriers africains jusqu'aux côtes (on estime que 2 % seulement des prisonniers qui traversèrent l'Atlantique avaient été capturés par des Occidentaux). Commençait alors la longue traversée des esclaves, mortelle pour de nombreux captifs.
    Le sort des survivants n'était pas plus enviable : la plupart d'entre eux étaient dirigés vers des plantations tenues par des colons qui devaient rembourser au plus vite leur "investissement". La moitié d'entre eux décédaient dans les trois années suivant leur arrivée. Cette effrayante mortalité et le déséquilibre des sexes expliquent que la demande ne se tarissait jamais : il fallait sans cesse de nouveaux esclaves pour que le système colonial fonctionne.
    Les données chiffrées concernant cette traite sont assez fiables : elles ont fait l'objet de nombreuses études quantitatives. Un consensus se dessine autour du chiffre de 11 millions d'Africains déportés, dont 9,5 millions arrivèrent en Amérique. Dominé au XVIe et au début du XVIIe siècle par les puissances ibériques, ce commerce connaît son apogée au XVIIIe, alors que la France, et surtout l'Angleterre, constituent dans les Caraïbes de prospères colonies, fondées sur l'exploitation à outrance des esclaves africains.
    Le rôle de la France. Comme les Anglais, les Français entrèrent en scène plus tardivement. A partir du milieu du XVIIe siècle, ils commencèrent à peupler leurs colonies de captifs africains. Autorisée par Louis XIII en 1642, la traite prit rapidement son essor, atteignant son apogée au XVIIIe siècle.
    En 1685 est édicté le Code noir, texte censé régir le quotidien des esclaves dans les colonies. Toutes les étapes de la vie y sont réglementées, de la naissance à la mort. Pour pouvoir se marier, l'esclave doit avoir l'accord de son maître ; ses enfants appartiendront au propriétaire de la mère. Le texte contient également des dispositions de police et une échelle des peines applicables, allant jusqu'à la mort pour les auteurs de voies de fait sur un Blanc ou les fuyards récidivistes.
    En matière civile, l'esclave n'a pas le droit de propriété et ne peut transmettre d'héritage à ses descendants. En contrepartie, le propriétaire doit se montrer modéré dans ses punitions, nourrir ses esclaves et les vêtir correctement. Edifiant pour ce qu'il dit du discours idéologique qui accompagne la traite, ce texte ne doit pourtant pas être pris au pied de la lettre : dans la pratique, la seule loi qui régnait sur les plantations était celle de l'arbitraire des planteurs. Le Code noir ne fut jamais réellement appliqué dans son intégralité.En métropole, les principaux bénéficiaires du trafic sont les ports de l'Atlantique. Les expéditions négrières françaises ont été répertoriées par l'historien Jean Mettas, qui a retrouvé 3 317 expéditions, partant de 17 ports, au premier rang Nantes, Le Havre, La Rochelle et Bordeaux.
    Dans ces villes, le système colonial a permis à nombre de négociants d'amasser des fortunes considérables. A la fin du XVIIIe siècle, les bénéficiaires du système forment un groupe de pression influent en métropole : ils seront un frein puissant à l'heure des mouvements en faveur de l'abolition.
    L'abolition inachevée. Comme le souligne l'historienne Nelly Schmidt, "les premiers abolitionnistes, ce sont les esclaves eux-mêmes". Dès le début du XVIe siècle, les révoltes étaient fréquentes, très sévèrement réprimées. On vit même s'édifier, dans les Caraïbes et en Amérique du Sud, des forteresses défendues par des esclaves rebelles, que les Européens eurent parfois le plus grand mal à maîtriser.
    En Occident, les Quakers de Pennsylvanie sont les premiers, à la fin du XVIIe siècle, à s'élever contre l'esclavage. Les Encyclopédistes se prononceront eux aussi contre cette institution. Mais c'est en Angleterre que se mit réellement en place le mouvement anti-esclavagiste mondial, porté par deux figures, William Wilberforce et Thomas Clarkson, et par une propagande efficace (libelles, campagnes de boycott, pétitions...).
    La révolte de Saint-Domingue (1791-1793) provoque la première abolition de l'esclavage, le 16 pluviose an II (4 février 1794). Celle-ci sera provisoire — Napoléon reviendra dessus en 1802, au prix d'une répression sanglante et de la perte de Saint-Domingue, qui devint Haïti —, et partielle : le décret ne sera jamais appliqué à la Réunion et la Martinique était occupée par les Anglais...
    Mais le mouvement est enclenché, irréversible. En 1807, les Anglais interdisent la traite au large de l'Afrique. Le commerce des esclaves continue, mais il devient peu à peu clandestin, à mesure que l'abolitionnisme gagne du terrain. En 1833, Londres l'abolit. La France, de son côté, mettra fin à cette institution — cette fois définitivement — par les décrets du 27 avril 1848.Les puissances occidentales suivent le mouvement, si bien qu'aux Etats-Unis, l'esclavage est aboli en 1865, à l'issue de la guerre de sécession. En 1888, avec son abolition au Brésil, la page se tourne sur le continent américain.
    Mais le phénomène n'est pas éradiqué pour autant : les puissances européennes continueront à tolérer cette institution dans leurs colonies d'Afrique, et à abuser du travail forcé. Albert Londres le notait en 1897 : "L'esclavage en Afrique n'est aboli que dans les déclarations ministérielles de l'Europe."
    Plus d'un siècle après, malgré les condamnations de l'ONU et les dénonciations des ONG, celui-ci est loin d'avoir disparu. L'abolition de l'esclavage reste un combat très actuel.